Apogée

    La forêt, mon refuge, ma cathédrale, c'est en son coeur bienveillant que l'apaisement de mon âme y atteint son apogée. Loin de la facétie de l'Homme, à la belle saison je promène ma sereine solitude sur les sentiers de la quiétude. Le feuillage des grands arbres ombrage ma silhouette vagabonde. Que j'aime m'imprégner de leur fraîcheur. Le bruissement des feuilles de quelques rameaux voisins, rythmé par une brise tiède, murmure à mes organes phonateurs une douce mélodie. Résonance enivrante, à la fois subtile, le babil folâtre des oiseaux me comble de bonheur. 

    Pendant les soirées d'hiver, lorsque le brouillard voile les cieux et fume la lisière de la futaie, lorsque le soleil couchant sillonne la brume vespérale de ses rayons vermeils, c'est l'apothéose d'une réjouissance ineffable qui m'anime instantanément. Puis, le jour se consume peu à peu, les lueurs frileuses de l'astre radieux se faufilent le long de ces géants des forêts, pour succomber irrévocablement sous l'étoffe d'une nuit opaque.